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LA NATURE EN CHARENTE-MARITIME

15.00 

Publié sous la direction du Dr R. DUGUY
Directeur du Muséum de La Rochelle

Supplément, juillet 1980

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UGS : 11 Catégorie :

Description

Introduction :

L’une des premières questions que l’on peut se poser est de savoir vers quelle époque les terrains qui constituent actuellement la Charente-Maritime ont commencé à prendre l’aspect d’ensemble que nous leur connaissons.

Très vraisemblablement, c’est au Tertiaire que leur faciès apparu, lors de la formation de la chaîne des Pyrénées. La pression qui se fit alors sentir jusque dans notre région, la bousculant sur le la bordure sud au massif Armoricain, donna naissance à une série d’ondulations de même orientation générale NO-SE que les plissements hercyniens. La plus accusée de ces ondulations constitue le grand anticlinal qui limite au nord du Bassin Aquitain, de l’embouchure de la Charente à Cahors, en passant par Saintes, Cognac, Angoulême et Périgueux. Les autres sont surtout visibles au niveau de la côte ou leurs terminaisons forment les petits promontoires de Fouras, du Chay ou de la Repentie. Deux dépressions principales viennent quelque peu accuser le relief, en donnant à l’Aunis ses bordures naturelles : Val de Charente au sud, Sèvre niortaise au nord. À cet uniforme pleine jurassique au sol de « groie », mélange de terre ocre et de fragments calcaires, ces deux vallées apportent la diversion de leur sol de « brie ». L’aspect des marécages de basse-Sèvre se modifia, dès le XIIe siècle, à la suite des drainages entrepris sur l’initiative des grands monastères de la région. Un vaste réseau de canaux nous en est resté, ainsi que le souvenir perpétué par l’un d’entre eux qui garde le nom de « canal des Cinq-Abbés ». Mais toute une autre partie du Marais reste soumise aux fluctuations de la Sèvre et, au pied des buttes-témoins calcaire de Velluire ou de l’île d’Elle, le marais mouillé a longtemps conservé l’aspect de « … mille jardins où l’on ne va que par bateau », ainsi que le décrivait Henri IV.

Lisière des deux provinces qui formèrent notre département, la vallée de la Charente l’est également des formations géologiques en opposant la plaine jurassique de l’Aunis au coteau crétacé de la Saintonge. Dans une succession de vallonnements au sol caillouteux, orientés vers le sud, ces terrains conduisent au sables tertiaires de la région de Montendre. Aussi pourrait-on dire, en simplifiant quelque peu, que l’on rencontre des terrains de plus en plus récents lorsque, laissant les terrains primaires en Vendée, on traverse la Charente-Maritime du nord au sud. Encore ne faut-il voir ici qu’une idée générale puisque la Saintonge possède aussi ses terrains d’alluvions quaternaires. Cette région marécageuse, située au sud de la Charente près de son embouchure, mentionnée par Strabon sous le terme de « Cloaque santon », nommé par d’autres « pays des îles de la Saintonge », est entré dans l’histoire avec ses marais salants. La qualité de leurs sols argileux fit de ces salines, vers la fin du Moyen Âge, les plus riches du royaume et de Brouage le plus grand port à sel de la côte atlantique.

Le vaste et lent mouvement de transgression de l’océan qui, après la dernière période glaciaire, façonna les rivages de la Charente-Maritime modifia en même temps, en le réchauffant, le climat qui devint du type atlantique. Les Romains s’apprécièrent si l’on en croit le poète Ausone évoquant le pays des Santons «… Au doux climat exempte des rigueurs de l’hiver et des ardeurs de la canicule ». On peut d’ailleurs retenir cette phrase comme une définition assez exacte de ce climat que caractérisent des variations annuelles de température peu étendue.

En définitive, la Charente-Maritime apparaît, aussi bien par sa formation géologique que par sa faune et sa flore, sous l’aspect d’une région de transition. À la fois transition d’ouest en est sous l’empreinte de l’Atlantique, violente dans les îles, qui se fait plus légère en passant vers l’intérieur des terres. Mais aussi transition du sud au nord sous l’influence méditerranéenne apportant les derniers prolongements de sa faune et de sa flore à notre département.