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LA TORTUE LUTH SUR LES COTES DE FRANCE

15.00 

Publié sous la direction de
R. DUGUY
Directeur du Musée océanographique de La Rochelle

Supplément, mars 1983

Rupture de stock

UGS : 8 Catégorie :

Description

Introduction :

 

La Tortue luth est probablement, parmi les Tortues marines, celle qui a le plus excité la curiosité des naturalistes et l’imagination populaire. D’abord, par l’aspect très particulier de sa carapace dont les carènes longitudinales évoquent les cordes d’un luth. Ce nom qui lui a été donné la rattache à la mythologie : la légende rapporte que Mercure, trouvant sur le rivage une carapace vide, y attacha des cordes en boyau pour en faire un luth. Mais c’est également sa taille, paraissant gigantesque pour une tortue, qui a depuis longtemps frappé les observateurs. Dès le XVIe siècle, la présence de la Tortue luth était signalée en ces termes près des côtes de France : «… L’an 1520, s’en prins une en nostre mer si grande et si forte, qu’estant trainée à cables, portait trois hommes droit »   (Rondelet, 1558). Parfois aussi, la vision d’une Tortue luth aperçue en mer s’est traduite, l’imagination aidant, par des descriptions extraordinaires et, selon l’opinion de Brongersma (1972), bon nombre d’observations de « serpent de mer » se rapportent plus simplement à des Tortues luth. On peut ajouter que quiconque ait eu l’occasion d’observer l’une d’elles, à quelques mètres de son bateau, sortant lentement la tête pour respirer en surface, comprend pourquoi cette vision de reptile archaïque a pu donner lieu à tant de descriptions fabuleuses.

 

L’étonnement que provoque leur découverte a très souvent conduit les observateurs à en faire la relation : ceci explique le nombre des données anciennes dont nous disposons pour cette espèce. À la suite de la citation de Rondelet, au XVIe siècle, les auteurs du XVIIIe et du XIXe siècle ont rapporté un certain nombre de captures qui nous permettent de constater que la présence occasionnelle de cette espèce semble constante, de longue date, près des côtes de France. Depuis le début du siècle, les observations ont été plus nombreuses et leur fréquence dans la partie centrale des côtes atlantiques nous a permis de mettre en évidence une fréquentation estivale régulière dans le secteur des Pertuis charentais (Duguy, 1968). Par la suite, des travaux ont été entrepris pour rechercher les facteurs écologiques de cette répartition (Duron, 1978), et poursuivis grâce à des prospections estivales en mer (Duguy, Duron, Alzieu, 1980 ; Duguy, Duron, 1981, 1982, 1983).

L’ensemble de ces données, analysées dans cette étude, a été utilisé pour faire une mise au point de la fréquence et de la répartition de la Tortue luth sur les côtes de France, en rechercher les facteurs écologiques, et préciser l’impact des activités humaines sur cette espèce, prés de nos côtes.

 

MATERIEL ET TECHNIQUES

 

La Tortue luth présente l’avantage, en comparaison avec les autres tortues marines, d’une détermination qui se fait aisément en raison de sa taille et de l’aspect de sa carapace. Il en résulte une fiabilité, tant pour les citations bibliographiques que pour les observations à la mer, qui facilite grandement l’interprétation des données. Celles-ci proviennent de sources bibliographiques jusqu’en 1968, d’observations recueillies directement près des observateurs jusqu’en 1976, puis de prospections estivales en mer, dans la région des Pertuis charentais, que nous avons entreprises au muséum de la Rochelle à partir de 1977. Depuis cette date, de très nombreuses observations nous ont été transmises à la suite de la diffusion de feuilles d’enquête en 1977, 1978, et 1979, puis de la brochure « Regardez en naviguant », édictée en 1980.

L’ensemble des observations rapportées concerne 243 Tortues luth observées vivantes en mer et 34 trouvées mortes, échouées…