Une rencontre inattendue

Lors d’une sortie au marais de Tasdon, nous avons pu observer un ragondin solitaire. Jusque-là rien d’anormal, l’espèce étant commune à cet endroit, cependant un détail exceptionnel  le différenciait de ses congénères : son pelage, au lieu d’aborder l’habituelle teinte brunâtre, était aussi blanc  que l’ivoire, ses pattes ainsi que l’intérieur de ses oreilles étaient plus rosées qu’à l’habitude et l’iris de ses yeux semblait être de couleur assez pâle.

– C’est un ragondin albinos ! M’écriais-je surprise, en l’observant avec la longue-vue.

Mes amis sont tout autant surpris, un animal naturellement albinos ? C’est un phénomène rarissime !

Provoqué par une mutation génétique, l’albinisme se caractérise donc par l’absence de production de mélanine, affectant la pigmentation de toutes les parties du corps à différents degrés selon le type de gène touché. Donc le corps, les poils ainsi que les yeux peuvent être touchés et présenter une couleur très claire, voire blanche.

Pour un animal sauvage – sauf si son milieu lui est favorable – ses chances de survie se raccourcissent comme il devient une proie facile à observer, aussi bien pour les prédateurs que pour les chasseurs en quête d’un trophée original.

Heureusement, des mesures de protection dont des interdictions de chasse dans de nombreux pays protègent ces animaux. C’est aussi dans un but de respect des croyances : certains peuples d’Amériques les considèrent comme les fantômes des ancêtres revenus auprès d’eux, ainsi que dans quelques traditions asiatiques où ils sont sacrés, le blanc étant le symbole de la pureté pour eux.

 

La naissance d’un individu sauvage présentant des traits d’albinisme reste un cas assez rare, donc nous avons eu de la chance d’avoir pu en observer un, même s’il s’agit d’un simple ragondin et non d’un majestueux tigre du Bengale.

Le marais étant une zone protégée, notre cher ragondin ne risque point les chasseurs, mais un peu plus les renards s’ils passent par là. Cependant, sa taille imposante et sa façon de brouter tranquillement les tiges sans même relever la tête de temps en temps, alors que nous étions à dix mètres de lui, me laissent penser qu’il est bien insouciant de sa situation.

 

Audrey, Les Blaroudeurs