Les Rencontres d’Orbigny – Les macroalgues : écologie et valorisation
Programme et présentation
Les Rencontres d’Orbigny
Première édition
Les macroalgues : écologie et valorisation
À la Bibliothèque scientifique du Muséum, se sont retrouvées, pour chaque communication une vingtaine de personnes les 7 et 8 octobre 2021.
La première matinée fut consacrée, en un premier temps à la découverte de la biographie de Charles-Marie Dessalines d’Orbigny, lors d’une période cruciale.
À La Rochelle où il arrive et s’établit avec sa famille l’été 1821, Charles-Marie d’Orbigny s’épanouit dans le monde des sciences et s’y fait une place. Or il a déjà la cinquantaine. Son grand projet, comme il le présente alors à Cuvier, il ne le réalisera pas. Un empêchement semble s’être opposé à cet accomplissement. Un survol biographique présente les données qui peuvent l’expliquer… article Années cruciales de Gilles Béraud page 4 à 6 du livret Les Rencontres d’Orbigny.
Suit une présentation de Jean-François Heil sur les herbiers d’algues dans les collections rochelaises depuis C.M.d’Orbigny.
La Rochelle n’échappe pas à l’attrait pour les sciences et techniques perceptible sous la Restauration et la Monarchie de Juillet (1815 – 1848). La situation littorale de la ville ainsi que l’influence de C.-M. Dessalines d’Orbigny conduisent la plupart des botanistes locaux à constituer un herbier d’algues. Ces notables, chercheurs amateurs, s’efforcent d’œuvrer en commun au sein de la Société des Sciences naturelles de la Charente-Inférieure. Sous le Second Empire et la Troisième République jusque vers 1890, d’autres collecteurs se spécialisent tandis que s’active la Société Rochelaise de Botanique. Après une éclipse, l’intérêt pour les algues est brièvement relancé au XXe siècle par les travaux de Jean Lancelot et de Louis Rallet.
Les communications scientifiques débutent par un historique sur la classification des algues par Mickaël Airaud :
Les macroalgues forment des ceintures végétales bien visibles sur une grande partie de nos littoraux. D’ailleurs, les premiers inventaires et classifications, comme ceux réalisés par d’Orbigny ont d’abord été réalisés sur la base de ce que l’on pouvait observer. Ainsi la couleur révélée par l’existence de pigments divers a très tôt facilité le découpage des 3 groupes classiques de macroalgues : vertes, rouges et brunes. Les classifications actuelles prennent en compte des caractères plus subtils à l’échelle des cellules et des molécules et permettent de révéler des histoires bien singulières. Entre classification ancienne et récente, cette conférence vous invite à repenser les macroalgues au travers du fil de l’évolution.
Pierre-Guy Sauriau présente une Histoire à rebondissement de l’algue verte Ulva australis sur nos côtes. L’algue verte ou laitue de mer nommée Ulva australis s’est en effet dissimulée au cours du temps sous cinq noms différents : Ulva australis décrite d’Australie en 1854, Ulva pertusa décrite en 1897 du Japon, à plus de 7000 km au nord, puis de l’autre côté du globe en Europe, Ulva lactuca décrite par Linné en 1753, Ulva rigida décrite d’Espagne en 1823 et Ulva rotundata décrite d’Italie en 1969…
Article pages 12 et 13 Livret Les Rencontres d’Orbigny.
L’après-midi se poursuit sur le thème de l’écologie des algues avec l’évolution des communautés de macroalgues de l’estuaire de la Gironde par Jean-Marc Thirion et Julie Vollette.
Comme toutes les espèces, les macroalgues possèdent un optimum thermique. Dans un contexte de réchauffement climatique global, certaines algues pour lesquelles la température est un facteur déterminant vont voir leur aire de répartition modifiée. Sur la rive droite de l’estuaire de la Gironde, un recensement des macroalgues a été réalisé et comparé à des inventaires plus anciens. L’évolution de la surface de certaines espèces a également été évaluée d’après l’analyse de photographies aériennes. Des évolutions importantes sont déjà observées, avec la régression ou la disparition de certaines espèces de l’estuaire de la Gironde, qui pourraient être causées par le réchauffement climatique….article page 14 à 17 Livret Les Rencontres d’Orbigny.
Les eaux littorales charentaises comme toutes nos franges côtières sont l’objet d’invasions biologiques, une des composantes du changement global. Jacques Pigeot définit « espèces introduites et espèces invasives », les différents vecteurs des introductions et les causes de leurs succès sont présentés. Puis 7 des 16 espèces de macroalgues marines exotiques voire invasives des côtes de Charente-Maritime sont décrites (biologie, écologie, distribution à l’échelle du globe), puis des précisions sont ensuite apportées concernant leur introduction et leur dispersion, leur localisation sur les côtes de Charente Maritime et leurs éventuels impacts relatifs aux habitats, aux espèces autochtones et aux activités humaines. Trois espèces seulement présentent de grands développements Caulacanthus okamurae, Agarophyton vermiculophyllum et Sargassum muticum et méritent une attention particulière en terme de gestion. La présentation se termine sur la prévention des introductions, l’éradication et le contrôle des espèces exotiques. Article page 17 à 21 Livret Les Rencontres d’Orbigny.
Le CEVA (Centre d’étude et de valorisation des Algues) Bretagne, assure la surveillance des plages eutrophisées par satellite, le CPIE de Marennes-Oléron vérifie sur les plages de l’île d’Oléron, la gestion est prise en charge par la Communauté de communes. Une présentation de Zachary Gaudin.
Article page 22 à 25 Livret Les Rencontres d’Orbigny.
La journée de jeudi s’achève par la conférence d’Alain Menesguen sur les « Marées vertes » : une forme d’eutrophisation marine qui dérange…
Dans la seconde moitié du vingtième siècle, l’accroissement de la population urbaine et de l’industrie et l’intensification de l’agriculture ont soudainement fortement augmenté les apports de fertilisants azotés et phosphorés dans les eaux douces, et donc aussi dans les mers côtières où se jettent les fleuves. Ceci a entraîné des proliférations en masse, tant en eau douce qu’en eau marine, d’algues microscopiques, causant des phénomènes nuisibles d’eutrophisation. Malgré les problèmes environnementaux, humains et économiques posés par cette prolifération, la question de la mise en œuvre des mesures nécessaires à la résolution des « marées vertes » reste entière…article page 26 à 28 livret Les Rencontres d’Orbigny.
Le vendredi matin Guillaume Baron, chargé de collections Muséum et Muriel Moreno, assistante présentent quelques exemplaires d’herbiers d’algues des collections du Muséum. Un moment rare dont profitent les personnes et personnalités présentes.
Au même moment, des scolaires apprennent à identifier les algues et réalisent collectivement un alguier sur les conseils de Tiffany Gref, l’E.C.O.L.E de la MER.
L’après-midi Laurent Picot et Valérie Stiger-Pouvreau vont successivement développer la valorisation des algues : l’un dans le domaine de la santé humaine en présentant des exemples de travaux de recherche et de résultats obtenus sur les macroalgues pour identifier des molécules d’intérêt pour la prévention nutritionnelle et le traitement de diverses maladies (infections virales, maladies cardiovasculaires et neurodégénératives, cancer, etc…).article page 29 à 31 Livret Les Rencontres d’Orbigny.
Valérie Stiger-Pouvreau, aborde l’exploitation des macroalgues dans le monde et en Bretagne, ainsi que les techniques utilisées pour récolter les macroalgues. Elle présente les différents domaines d’applications des macroalgues et fait un point sur la recherche d’ingrédients actifs pour des applications en cosmétique, agriculture et pour le domaine des biomatériaux illustrant ainsi que les macroalgues marines sont une ressource aux applications infinies.
Le samedi matin, à Ars en Ré, Hélène et Tanguy, jardiniers de la mer, nous accueillent dans leur entreprise. Cette jeune entreprise s’est spécialisée dans la récolte d’algues (200 marées annuelles) et leur exploitation à usage alimentaire, cosmétique et recherche médicale.
Les macroalgues sont récoltées sur le canton nord-est de l’île de Ré.
De retour à l’établissement, les algues sont plongées en eau fraiche dans des jacuzzis, rincées et égouttées avant de rejoindre la serre de déshydratation à basse température. Ce traitement permet de garder leur saveur et leurs qualités nutritives. Ensuite viennent le broyage en paillettes et le conditionnement. Les principales algues récoltées sont : la laitue de mer, l’aonori, le nori, les fucus, le wakamé… Ces algoculteurs s’engagent dans un circuit court de production et dans une démarche éco-responsable.
Eau, air, soleil assurent le cycle de vie des macroalgues.