
Sauvons le Vison d’Europe, le carnivore le plus menacé
Classé « en danger critique d’extinction », le Vison d’Europe pourrait disparaitre d’ici quelques années sans intervention pour enrayer son déclin. Sur le bassin de la Charente, le programme LIFE VISON, coordonné par la LPO, œuvre depuis 2017 à sa préservation.

2002ème séance
Animation : Ingrid Marchand LPO
Présidence : Martine Gachignard – 31 participants
Un projet d’envergure pour sauver le Vison d’Europe
Pour sauver le Vison d’Europe (Mustela lutreola), petit mustélidé semi-aquatique classé en danger critique d’extinction au niveau mondial et national, la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux), le Conseil départemental de la Charente-Maritime et le GREGE (Groupe de recherche et d’étude pour la gestion de l’environnement) se mobilisent.
Depuis 5 ans, le Vison d’Europe bénéficie du soutien de la politique européenne via un projet LIFE « Conservation du Vison d’Europe et des espèces et habitats d’intérêt communautaire associés du bassin de la Charente ». Son objectif ? Mettre en place des actions de conservation et de restauration de l’espèce et de son habitat, notamment dans un des derniers noyaux de population en France : le bassin de Charente.

Le Vison d’Europe, le petit carnivore le plus menacé d’Europe
Le Vison d’Europe, classé en danger critique d’extinction au niveau mondial et national, est le petit carnivore le plus menacé d’Europe. Dépendant des zones humides, il fréquente des cours d’eau forestiers, des boisements inondables, des marais, des prairies humides et des ruisseaux… Ces différents types de milieux lui offrent, une grande disponibilité de proies tout au long de l’année (Amphibiens, petits Mammifères, Poissons et Oiseaux), constituant un atout majeur.
Autrefois largement répandu en Europe, sa répartition mondiale est désormais limitée à quelques populations isolées et déclinantes en Europe orientale d’une part (Russie, Ukraine, Roumanie et Estonie) et au nord de l’Espagne et dans le sud-ouest de la France (7 départements) d’autre part. Depuis la moitié du XIXe siècle, le Vison d’Europe a perdu 85 % de son aire et le nombre total de visons aurait diminué d’au moins 90 % au cours du XXe siècle.
Différents facteurs ont contribué au déclin de l’espèce, combinant des causes extérieures, environnementales et intrinsèques à l’espèce. Mais les plus grandes menaces proviennent des destructions, dégradations et fragmentations des habitats naturels, des collisions routières et de l’expansion du Vison d’Amérique.
Un projet européen, « LIFE Nature et Biodiversité » pour inverser la tendance
Le projet LIFE VISON, financé à 73.8% par l’Union Européenne, a débuté en septembre 2017 pour répondre aux menaces immédiates qui pèsent sur l’espèce. Il est mis en place sur le bassin de la Charente qui représente un secteur d’intervention stratégique et prioritaire pour la conservation du Vison d’Europe en France, car exempt de population établie de Vison d’Amérique. Le projet s’inscrit sur le périmètre de 8 sites Natura 2000, situés sur les départements de la Charente et de la Charente-Maritime.
Des actions de conservation concrètes
Pour sauver cette espèce dans ses principaux noyaux de population résiduels, le programme LIFE VISON réalise des opérations d’amélioration des connaissances sur la répartition, la biologie et l’écologie du Vison d’Europe sur le bassin versant du fleuve Charente :
- Réalisation de campagnes de détection de l’espèce pour actualiser la cartographie de la présence du Vison d’Europe : 43 visons d’Europe différents détectés au minimum depuis le début du projet en Charente et Charente-Maritime
- Suivi des individus par radiopistage pour l’acquisition de connaissances sur les sites de reproduction et la caractérisation des habitats optimaux de l’espèce : 12 suivis télémétriques réalisés entre 2020 et 2022 dans les marais de Rochefort et sur la vallée de la Charente en amont d’Angoulême qui montrent que l’espèce est exigeante en espace et l’importance de conserver des gîtes naturels (ronciers, fourrés humides, racines et bois morts…)
Ces connaissances servent de base à la mise en œuvre fine d’actions de conservation :
- Définition de plus de 500 ha de zones de préemption au titre des Espaces naturels sensibles et acquisition de 30 ha de terrain par le Conseil départemental de la Charente-Maritime visant à restaurer des habitats et les continuités favorables à l’espèce
- Rédaction de 12 plans de gestion simplifiés en faveur de l’espèce sur les territoires à enjeux et création d’une centaine de zones refuges
- Restauration de 50 ha d’habitats favorables à l’espèce (boisements alluviaux, prairies humides à hautes herbes, frayères et mares)
- Aménagement de 18 ouvrages d’art en Charente-Maritime pour réduire la mortalité directe par collision routière
Parallèlement, des opérations de surveillance du Vison d’Amérique sont réalisées afin d’éviter la colonisation du bassin de la Charente par cette espèce exotique envahissante qui utilise la même niche écologique que le Vison d’Europe.
Les acteurs locaux et le grand public sont également sensibilisés à la conservation du Vison d’Europe ainsi qu’à la préservation de la qualité de la ressource en eau, des habitats alluviaux et plus généralement de la biodiversité.
Au-delà du champ d’actions direct de ce LIFE, les efforts de conservation apportés à cette espèce « parapluie » bénéficient à de nombreuses autres espèces d’intérêt européen, telles que la Loutre d’Europe et la Rosalie des Alpes, ou habitats associés, tels que les forêts alluviales d’aulne et de frêne.
Communiqué de la conférencière
Pour en savoir plus : www.lifevison.fr
Tous nos chaleureux remerciements à Ingrid Marchand, pour une présentation structurée, illustrée, très appréciée des participants posant de nombreuses questions.
