L’ours brun des Pyrénées

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L’ours brun des Pyrénées

Historiquement présent en France, l’ours brun a progressivement disparu du territoire. A la fin des années 1990, seul un petit noyau de population subsistait encore dans les Pyrénées-Atlantiques. Après plusieurs plans de sauvegarde, des opérations de réintroductions, la population actuelle augmente et est présente sur une grande partie de la chaine pyrénéenne. Espèce emblématique et patrimoniale, la conférence s’intéressera aux méthodes de suivi de l’espèce mises en place, à l’évaluation de l’état de la population et aux études actuellement menées par l’Office Français de la Biodiversité et le Réseau Ours Brun.

1999ème séance

Animation  : Damien Coreau – Office français de la Biodiversité -Service « Conservation et Gestion Durable des Espèces Exploitées »

Direction de la recherche et de l’appui scientifique

Le conférencier est membre de l’OFB, établissement public, qui assure le suivi et l’évaluation de différentes espèces, notamment les prédateurs, en poste à l’équipe ours de 2001 à 2008.

Présidence : Martine Gachignard – 65 participants

Identification et comportement de l’ours brun

Il se reconnait à une bosse dorsale au niveau des pattes antérieures, avec une forme trapue, un cou épais, des pattes massives. Au garrot la femelle mesure 80/85 cm, le mâle 1.10m, le poids varie de 70 kg (femelle) à 250 kg (mâle). En position debout, pour se frotter ou repérer un danger, sa hauteur est de 1.70 à 2.10m. Sa longévité est de 20 à 25 ans, se reproduit dès trois ans (1 à 3 oursons par femelle). Il possède une vue moyenne, une ouïe fine et un odorat très développé.

L’ours est un animal solitaire, actif surtout la nuit, capable de grands déplacements jusqu’à plus de 20 km. Ils se tolèrent bien entre eux, les mâles se déplacent beaucoup pendant le rut. Il est omnivore opportuniste, son régime alimentaire est à 70 / 75 % composé de végétaux herbacés et de fruits : baies et fruits secs en automne. Il n’est pas chasseur, mange à l’occasion une charogne.

Son hibernation se caractérise par une absence d’alimentation de décembre à la mi-mars,   une diminution du rythme cardiaque (10 pulsations par minute), un recyclage de l’urine, la création d’un bouchon fécal avec un abaissement de la température interne de cinq degrés.

Cycle de vie : le rut et la fécondation ont lieu au printemps, la copulation provoque l’ovulation. L’ours présente une gestation à ovo-implantation différée, après un arrêt du développement embryonnaire, ce dernier ne reprend qu’après l’entrée en hibernation. La gestation est de 6 à 8 semaines, à la mise-bas, dans la tanière, l’ourson pèse à peine 300g. La sortie de la tanière a lieu en avril, les oursons restent une année au moins avec leur mère.

Le suivi par le réseau Ours Brun

L’objectif est de connaître l’état de la population, suivre l’effectif, évaluer l’état de conservation de l’espèce et de mettre à disposition les résultats aux gestionnaires et instances décisionnaires. Le pilote du réseau est l’Office français de la biodiversité.

Sa chasse est interdite, en France, depuis 1962, en 1984, à l’initiative de François Mitterand, est élaboré un plan ours, amenant à une note interministérielle en 1988, qui amorcera les premières réintroductions d’ours.

Dans les Pyrénées, la répartition, observée de 1979 à 1988, montre deux noyaux de populations distincts (Béarn, Luchonnais-Ariège). A la fin des années 80, l’ours n’est plus localisé qu’en Béarn, Soule et vallée d’Aspe. Le noyau central a disparu. On procède à des réintroductions d’ours, originaire de Slovénie, le plus proche de l’espèce pyrénéenne, en 1996/97 avec l’arrivée de deux femelles et un mâle dans le Luchonnais, en 2006 dans les Pyrénées centrales quatre femelles et un mâle, puis en 2016 un mâle en pays catalan, en 2018 en Béarn deux ourses à l’automne.

 

 

Le suivi peut être opportuniste consiste à analyser tout indice de présence, trouvé de manière fortuite : témoignages de randonneurs (pas toujours fiables), vérification d’observations visuelles ou autre trace d’ours. Ces indices indirects sont les empreintes de pattes, que l’on décalque pour en mesurer la longueur et les mesures interdigitales, les poils et les crottes apportent du matériel génétique.

Le suivi systématique consiste à suivre de manière régulière des itinéraires fixes sur lesquels différents aménagements sont réalisés : stations de photographies automatiques pour obtenir des morphotypes d’ours, récolte de poils sur des arbres enduits d’appât odoriférant (smole), ou encore des revoirs : zone de terre meuble pour obtenir des empreintes complètes. Récemment un chien a été créancé pour détecter des crottes d’ours. Les excréments pouvant contenir de l’ADN, la proportion de ce type d’indice a de fait été fortement augmentée, permettant de mieux caractériser la population d’ours.

Les résultats en 2021

1730 indices de présence d’ours ont été découverts en 2021. 30 ours ont été différenciés via les photographies automatiques. L’analyse du matériel génétique (poils, crotte) a en 2021 a identifié 49 animaux. La population d’ours est présente sur une grande partie de la chaine pyrénéenne et est plus dense en Ariège, zone ouest, ainsi que dans le Val d’Aran.

Au moins huit portées d’ourse ont été détectées en 2021 avec 15 oursons.

L’effectif minimum détecté dans les Pyrénées en 2021 est de 70 individus, les oursons représentent 21,5 % de la population, 17 % sont des jeunes de un à trois ans et 51,5 % des ours adultes. Depuis quinze ans la population augmente, entrainant une augmentation du nombre de dégâts, leur aire de répartition est de 6500 km2 en 2021.

Communiqué conférenciers

Le conférencier recommande des sites : info ours (DREAL midi Pyrénées) et le portail technique de l’OFB, l’Echo des Tanières pour suivre les informations sur la population des ours bruns des Pyrénées.

De très nombreuses questions montrent le grand intérêt porté par les participants.

Une conférence très appréciée, nos remerciements les plus chaleureux à Damien Coreau pour une présentation riche en illustrations.

 

Martine Gachignard