PAMPAS : évolution de l’identité patrimoniale des marais charentais

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PAMPAS : évolution de l'identité patrimoniale des marais charentais

PAMPAS : évolution de l’identité patrimoniale des marais charentais

Une recherche à caractère pluridisciplinaire menée par quatre chercheurs : Nicolas Becu, Thomas Lacoue-Labarthe, Nathalie Long et Marie Wagner dont les objectifs sont de renouveler la définition de l’identité patrimoniale des marais, intégrant les composantes naturelles, culturelles et paysagères et de considérer les patrimoines comme un levier possible pour définir la stratégie de gestion des marais littoraux face aux risques à venir.

Un défi interdisciplinaire visant à répondre aux enjeux sociétaux actuels d’adaptation au changement climatique et de transmission, appliqué à une échelle locale, mais transposable à l’échelle plus large des zones humides littorales.

1995ème séance
Animée par Nicolas Becu, CNRS Géographe : gestion participative et environnement LIENSs
La Rochelle Université
Présidence : Martine Gachignard – 27 participants

Le conférencier explique comment est abordée l’étude du patrimoine des  marais : un patrimoine naturel, culturel paysager et économique.

Rappelant que les zones humides représentent 2% du globe où vivent 10% de la population humaine. Ce sont des espaces riches et sont exploités, mais sensibles aux enjeux du changement climatique et de la montée du niveau de la mer. Les marais des pertuis charentais sont le premier centre conchylicole européen et présentent un fort attrait touristique. Pour le plan Pampas, une étude étalée sur une période de 2019 à 2023, trois zones concentrent les observations : Fier d’Ars, La Rochelle ville et Brouage.

Comment définir l’identité de nos marais ?

L’identité se définit par les composantes naturelles, façonnées par l’homme, culturelles, productives et paysagères. Cette identité évolue en raison de leur position, de leur topographie, les marais sont exposés aux aléas, telles les submersions marines, L’étude de l’évolution dans le passé permet une perspective temporelle.

Les hommes présentent un attachement à ces espaces, on y produit, on s’y promène, c’est un patrimoine dont on hérite et que l’on transmet.

La transmission intergénérationnelle est liée à la conservation et à l’entretien des attributs sociaux, culturels, naturels. On veut conserver mais l’espace évolue, conserver intact n’est pas approprié. C’est un patrimoine que l’on fait évoluer par certaines pratiques et il est nécessaire de redéfinir ce qui évolue.

L’identité patrimoniale est une notion construite qui a évolué au cours du temps. Le concept de Patrimoine  a changé, de la révolution à la moitié du XXème siècle. Le concept est passé du domaine privé au domaine public. À partir des années 1970, la notion passe du sacré à l’ordinaire, du matériel à l’immatériel, de la culture à la nature, des objets aux paysages.

La patrimonialisation ou mise en patrimoine dépend des acteurs et des mécanismes. Les trois acteurs participants sont les titulaires du patrimoine qui doivent justifier pourquoi un élément est à mettre au patrimoine, les consommateurs du patrimoine  que sont  les promeneurs, les visiteurs et les usagers du marais. Le troisième partenaire   sont ceux qui entretiennent, préservent et gèrent le patrimoine.

Le patrimoine est une notion construite socialement pour changer le regard sur le site, l’objet classé. L’élément à classer est sélectionné pour sa fonction ou sa représentation, le choix  doit être justifié. Des actions sont menées pour le sauvegarder, le présenter et le mettre en valeur.

 

Le projet Pampas (Evolution de l’identité Patrimoniale des Marais des Pertuis charentais en réponse à l’Aléa de Submersion marine – https://pampas.recherche.univ-lr.fr/), est un projet de recherche-action, qui cherche à cerner l’identité patrimoniale de trois marais de Charente-Maritime, en prenant comme postulat de base que le patrimoine est une notion construite qui n’est pas figé. Dans ce projet, les chercheurs prennent par également, au côté des titulaires, des usagers et des gestionnaires, à la définition de l’identité patrimoniale des marais. Le projet regroupe un consortium de 72 personnes venant de différents laboratoires aux spécialités variées : géographe, écologue… ils étudient les différents éléments du milieu de l’aspect culturel au paysage dans une mosaïque des différents espaces. Les autres partenaires proviennent d’agences : conservatoire, réserves… LPO… forum des zones humides et aussi les politiques des collectivités.

L’objectif est de renouveler les idées par une combinaison entre les enjeux sociétaux et les démarches scientifiques.

Les marais charentais étudiés sont :

  • Le marais Fiers d’Ars – île de Ré- représentatif par sa conservation grâce à un endiguement, une zone à l’enjeu touristique fort,
  • Le Marais de Tasdon et les lacs de Villeneuve, un marais en zone urbaine ayant connu un projet de renaturation pour le reconnecter à la mer. L’entretien des marais doux et saumâtres est l’étape suivante,
  • Le marais de Brouage – Moëze, après l’arrivée d’une brèche dans la digue à la mer, l’enjeu est d’expérimenter le « laisser-faire » en suivant les transformations « créées » pour les êtres vivants peuplant la réserve.

Les chercheurs de Pampas effectuent les mesures en réalisant des inventaires sur le suivi des espèces protégées,  la dynamique hydrosédimentaire,  les flux carbones en mesurant le taux du CO2 atmosphérique, la biomasse végétale et animale et ainsi apprécier la captation du carbone. L’actualité étant la neutralité carbone possible que par la complémentarité du phénomène captation-séquestration. Dans les zones étudiées sont également faites des enquêtes de perception auprès des groupes d’usagers, le caractère patrimonial des différentes composantes des marais variant d’un type d’usager à l’autre.

 

L’objectif du plan Pampas est la mise en place de méthodes pour co-construire des fiches d’identité patrimoniale et des outils de visualisation et d’exploration des éléments patrimoniaux en modélisant les enjeux futurs.

Tous nos chaleureux remerciements à Nicolas Becu, la présentation d’un travail en cours d’étude, il a su faire partager la réflexion sur le concept du patrimoine.

Martine Gachignard